En 2018, pour la première édition de ce « véritable bilan annuel », nous avions étudié la place des femmes au sein du CAC40, en pointant du doigt à quel point le pouvoir y restait une prérogative masculine. À l’époque, les femmes représentaient en moyenne 39 % de l’effectif du CAC40, mais seulement 13,9 % des comités de direction (ou comex, pour comités exécutifs). Douze groupes de l’indice parisien ne comptaient aucune femme dans leur comité de direction. Sur les 57 PDG, directeurs généraux et présidents du conseil d’administration qui dirigeaient alors les géants du CAC40, on ne trouvait que 2 femmes : Isabelle Kocher, la directrice générale d’Engie, et Sophie Bellon, présidente du conseil d’administration de Sodexo. Soit 3,5 %. Par contraste, les femmes représentaient un peu plus de 40 % des conseils d’administration du CAC... précisément parce que la loi imposait un seuil obligatoire de 40 %.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Les hommes partagent-ils davantage le pouvoir qu’il y a quelques années ? Il y a des évolutions positives, quoiqu’insuffisantes. En septembre 2022, les femmes représentent désormais un peu plus d’un quart de tous les membres des comités de direction du CAC40 – principalement parce que les groupes ont élargi leurs comités de direction pour y créer des places pour des femmes. On compte tout de même encore trois groupes du CAC40 qui n’ont aucune femme dans leur comité de direction : EssilorLuxottica (doté d’une structure de gouvernance très particulière), ArcelorMittal et Bouygues. Il n’y a qu’une entreprise, Vivendi, où elles soient majoritaires.
Au sein même des comités de direction du CAC, les femmes tendent à se voir assigner des fonctions stéréotypées, comme les ressources humaines, la communication, la responsabilité sociale ou encore les affaires juridiques. 55,9 % des membres de comités de direction du CAC40 responsables des ressources humaines sont ainsi des femmes. 66,7 % des membres de comités de direction chargés de la responsabilité sociale ou du développement durable sont des femmes. Pour ceux et celles chargé.e.s de la communication, cette proportion est de 57,1 %. Pour les affaires juridiques, elle est de 50 %.
Tout en haut de l’échelle hiérarchique, les évolutions sont tout aussi lentes. On compte depuis cette année trois femmes directrices générales de groupes du CAC40, chez Engie et désormais chez Orange et Veolia, ainsi que deux présidentes de conseil d’administration, chez Legrand et Michelin. Soit 5 femmes sur 68 DG, PDG et présidents de conseil d’administration – environ 7,4 %.
La proportion de femmes dans les effectifs globaux est très variable selon les groupes, et reste en grande partie fonction des secteurs d’activité. D’un côté, l’industrie et le BTP : Vinci (16,5 % de femmes dans l’effectif global), Alstom (18,8 %) Airbus (19 %), Bouygues (19,5 %) et Michelin (19,8 %) sont les groupes les moins féminisés du CAC. À l’autre extrémité, on trouve le luxe : LVMH (71 % de femmes dans l’effectif), L’Oréal (68,9 %), Hermès (67 %), Kering (66 %), Axa (61,7 %) ou encore EssilorLuxottica (60 %). Que ces groupes soient très féminisés ne si- gnifie pas qu’ils soient davantage dirigés par des femmes, au contraire : EssilorLuxottica, LVMH ou encore Axa se distinguent par la faible place des femmes dans leurs instances de direction (0 %, 14,3 % et 21,4 % respectivement).
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