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Editorial

Pourquoi nous travaillons sur les liens entre l’extrême-droite, les grandes fortunes et les milieux d’affaires

L’Observatoire des multinationales lance une nouvelle initiative sur les liens entre l’extrême-droite sous ses diverses formes et le monde des grandes entreprises, « FAF40 ». Au menu : des nouvelles enquêtes inédites, une page spéciale de notre site, un travail de veille et d’alerte, mais aussi des réflexions critiques et stratégiques pour mieux comprendre et pour mieux agir. Quelques explications.

Publié le 5 juin 2025

« FAF40 » – ce titre est délibérément provocateur, peut-être trop. Il ne s’agit pas de dire que toutes les entreprises et leurs patrons sont par nature voués à se compromettre avec les extrêmes droites, voire à les soutenir activement. Et pourtant, travailler sur les liens entre l’extrême droite et le monde économique permet, à notre sens, d’aller au fond du sujet.

Pourquoi travailler sur l’extrême-droite ?

À l’Observatoire des multinationales, notre métier, ce sont les grandes entreprises et leurs impacts sociaux, écologiques et plus largement démocratiques. Alors pourquoi aujourd’hui faire de l’extrême-droite une autre priorité de notre travail ?

C’est une évidence : nous assistons depuis plusieurs années à une poussée des partis d’extrême-droite en France et ailleurs dans le monde, jusqu’à leur arrivée au pouvoir dans beaucoup de pays. En même temps, leurs idées se banalisent dans le débat public et médiatique, et les « cordons sanitaires » qui incitaient jusque récemment les autres acteurs sociaux – y compris les grandes entreprises – à se tenir à distance tendent à disparaître.

Au vu de cette actualité, il est normal et même important que nous nous penchions sur les rapports que ces nouvelles forces politiques entretiennent avec le monde économique et les multinationales.

L’extrême droite est diverse mais elle partage certaines caractéristiques que l’on retrouve aujourd’hui dans la plupart des partis qui portent cette étiquette et même au-delà : le rejet de l’immigration, l’autoritarisme, une rhétorique anti-système et le refus violent de toute remise en cause de l’ordre social traditionnel et de ses injustices raciales, de genre ou environnementales.

Sur les questions économiques, en revanche, les droites extrêmes oscillent entre des positions très contradictoires – entre souverainisme, libertarianisme radical et pur opportunisme. Ses leaders ne se privent pas en effet de mettre le pouvoir politique qu’ils obtiennent au service de leurs intérêts privés et ceux de leurs alliés. Que défendent concrètement les forces d’extrême droite sur le plan économique ? C’est ce que nous allons aussi examiner.

Enfin, que ce soit pour comprendre les grandes fortunes qui soutiennent l’extrême-droite aujourd’hui (d’Elon Musk à Vincent Bolloré et Pierre-Édouard Stérin), ou pour analyser les conditions qui ont rendu possible son ascension électorale et la force d’attraction qu’elle exerce sur une partie des élites, les questions qui forment depuis toujours le cœur de notre travail – la justice économique, la responsabilité des multinationales, la démocratie et l’urgence climatique – nous paraissent plus que jamais centrales.

Qu’il s’agisse des « perdants » de la mondialisation néolibérale à qui l’on désigne des bouc-émissaires, des élites politico-économiques qui préfèrent recourir à l’autoritarisme plutôt que de remettre en cause le système qui fait leur fortune, ou des citoyens et citoyennes dégoûtés des connivences public-privé et de la corruption des élites au risque de se jeter dans les bras de plus corrompus encore, les extrêmes droites fleurissent sur les impasses de notre modèle économique et politique actuel.

Premier objectif : démasquer ceux qui soutiennent l’extrême-droite dans le monde économique

Il y a d’abord, évidemment, des milliardaires et des grandes entreprises qui soutiennent activement les extrêmes droites, à travers leurs financements ou leur empire médiatique. On pense en France à Vincent Bolloré et Pierre-Édouard Stérin, ou encore à Elon Musk et d’autres aux États-Unis. Il y en a d’autres qui préfèrent rester moins visibles.

Une partie de notre travail sera de les démasquer, de comprendre leurs motivations et leurs intérêts, ainsi que leurs manières de faire. C’est ce que nous avons commencé à faire avec notre rapport sur « Le Système Bolloré ».

À mi chemin entre le monde des grandes entreprises et les extrêmes droites dans leur diversité, il y a tout un univers de think tanks, de groupes de lobbying ou d’autres entités dont le rôle est de diffuser et normaliser les idées d’extrême-droite, créer des passerelles avec les institutions et l’establishment médiatique et universitaire, mener la bataille culturelle dans l’opinion.

Dans la lignée de nos enquêtes sur le réseau Atlas et ses partenaires français, nous continuerons donc à mettre au jour les stratégies et l’influence de cette internationale réactionnaire en France et au-delà : comment elle s’organise, avec quels moyens et au service de quelles politiques ?

Deuxième objectif : maintenir un cordon sanitaire autour de l’extrême droite

Dans le monde des affaires, il y a aussi ceux et celles – beaucoup plus nombreux – pour qui les cordons sanitaires de jadis ne sont plus pertinents et qui sont tentés par une alliance de fait avec les extrêmes-droites, ou simplement sont prêts à s’accommoder passivement de son arrivée au pouvoir.

Dans certains cas, c’est par pur opportunisme, parce que « les affaires sont les affaires ». Souvent, c’est parce qu’il ont réussi à se convaincre qu’ils ont d’autres ennemis plus dangereux encore – les « wokistes », les écologistes, les impôts, les régulations et autres – qui justifient de passer outre sur les réticences et les tabous de naguère – et ce d’autant plus que l’extrême-droite s’efforce depuis des années de se donner une image plus respectable. Une partie de notre travail sera de continuer à montrer le vrai visage des droites extrêmes, et d’identifier ceux et celles qui dans les milieux économiques sont tentés de franchir les lignes rouges ou au contraire ceux et celles qui résistent.

Ces lignes rouges ne valent évidemment pas que pour la France. C’est pourquoi nous enquêterons aussi sur les multinationales et les grandes fortunes qui font affaire avec des gouvernements d’extrême-droite à l’étranger, notamment celles qui collaborent à leurs projets les plus nocifs ou les plus contraires aux droits et à la démocratie. Nous accorderons notamment une place importante aux agissements des entreprises français et de leurs propriétaires dans les États-Unis de Donald Trump.

Troisième objectif : documenter les véritables politiques de l’extrême-droite

Nous montrerons aussi quelles sont les véritables politiques économiques que poursuit l’extrême droite quand elle est au pouvoir, en France et à l’étranger, entre alignement sur les intérêts des puissants et des grandes entreprises et captation de l’argent public à son profit.

Aujourd’hui, les partis penchent massivement pour des politiques de dérégulation favorables aux multinationales, d’obstruction aux politiques climatiques, d’opposition à la taxation des plus riches et à la justice fiscale, d’attaques contre les syndicats, les défenseurs de l’environnement, les médias indépendants et les associations anti-corruption. Et ce, en contradiction flagrante avec les discours anti-système qu’ils tiennent à leur électorat.

Malheureusement, nous aurons aussi à montrer dans quelle mesure certaines politiques issues ou inspirées de l’extrême-droite sont de plus en plus adoptées même par des gouvernements centristes ou qui se définissent publiquement par opposition à l’extrême-droite. Il ne suffit plus de travailler sur les extrêmes droites, il faut aussi travailler sur l’extrême-droitisation des autres forces politiques.

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Nous restons dans notre rôle – celui d’un journalisme engagé, qui veut aider à comprendre le monde d’aujourd’hui en toute lucidité, mais sans céder au fatalisme. En l’occurrence, il s’agit de comprendre les extrêmes droites d’aujourd’hui, leurs alliés et leur force d’attraction, mais aussi de rappeler que son arrivée au pouvoir en France ou ailleurs n’a rien d’inéluctable – contrairement à ce dont on nous rabâche les oreilles depuis des années maintenant.

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