Le journal officiel du Brésil vient de confirmer l’acquisition par le groupe énergétique français EDF de 51% des parts du consortium chargé de construire le barrage de Sinop (400 MW), sur le rio Teles Pires, dans le bassin du rio Tapajós.
Comme l’Observatoire des multinationales l’avait expliqué il y a plusieurs mois (lire Brésil, Guyane : EDF se lance dans les grands barrages amazoniens), cela fait quelque temps qu’EDF souhaite se lancer dans le secteur des grands barrages amazoniens, malgré les controverses environnementales, la résistance des populations indigènes et les questions quant à l’impact de ces projets en termes de droits humains.
Des barrages encore plus importants en ligne de mire
Au-delà du cas emblématique du barrage de Belo Monte, ce sont des dizaines de nouveaux barrages que le gouvernement brésilien et les intérêts industriels souhaitent construire en Amazonie, notamment dans le bassin du rio Tapajós. Celui-ci, encore relativement préservé, abrite une biodiversité unique et des dizaines de milliers d’indigènes. Une ONG estime que la construction des barrages y entraînera directement ou indirectement la perte de 950 000 hectares de forêt vierge.
Le gouvernement brésilien vient d’ailleurs de confirmer que les enchères pour le plus gros barrage projeté dans la zone - São Luiz do Tapajós (6100 MW) - se tiendront bien le 15 décembre 2014, pour une mise en service en 2019-2020. Les enchères pour le barrage de Jatobá (2300 MW) devraient suivre.
EDF (tout comme d’ailleurs GDF Suez) est un candidat déclaré à la construction de ces nouveaux mégabarrages. Les deux entreprises françaises ont d’ailleurs participé - dans des conditions très problématiques (lire Barrages amazoniens : comment EDF et GDF Suez « étudient » les territoires indigènes avec l’appui de l’armée) - au groupement d’entreprises chargé d’en réaliser les études d’impact.
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Faites un donLes grands barrages tropicaux ne sont pas « propres »
EDF ne communique presque pas publiquement en France sur ses ambitions internationales dans le domaine hydroélectrique, Outre l’Amazonie brésilienne, le groupe public est impliqué dans des projets en Afrique contestés par la société civile, notamment au Mozambique et au Cameroun.
Ces investissements d’EDF - qui ne fait d’ailleurs qu’émuler sa rivale GDF Suez, largement plus impliquée dans le secteur des grands barrages brésiliens - se justifient-ils au moins du point de vue de la lutte contre le changement climatique et de la promotion d’une énergie « propre » ?
Hélas, une étude du CNRS - réalisée sur le projet hydroélectrique phare d’EDF à l’international, le barrage de Nam Theun 2 au Laos ! - vient de confirmer les craintes des environnementalistes : les barrages tropicaux, du fait de la décomposition de la végétation dans les retenues d’eau, émettent des quantités bien plus importantes que supposées de méthane, un gaz à effet de serre plus puissant que le CO2.
Olivier Petitjean
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Photo : chantier du barrage de Belo Monte, Brasil de Fato CC