Notre rapport Le réseau Atlas, la France et l’extrême-droitisation des esprits, qui s’appuie en partie sur des documents internes inédits, est à la fois une présentation de l’Atlas Network, encore inconnu du public français, et une enquête sur ses partenaires dans l’Hexagone, dont certains comme l’Ifrap sont omniprésents dans les médias, tandis que d’autres comme l’IFP jouent un rôle clé dans la formation et la mise en réseau de leaders et porte-parole de droite et d’extrême-droite.
Lancé dans les années 1980, l’Atlas Network est aujourd’hui l’un des plus importants réseaux de think tanks au monde, financé par des fondations américaines comme celles des frères Koch et par des multinationales. Son objectif avoué est de recouvrir le monde de think tanks et autres organisations libertariennes et souvent ultraconservatrices pour "changer le climat des idées" et s’attaquer à des causes comme l’action climatique, la promotion des droits des femmes et des minorités, la justice fiscale ou encore les services publics.
Le réseau se prévaut de nombreuses victoires politiques tout autour de la planète, comme le rejet de référendums au Chili et en Australie, le Brexit, le départ forcé de Dilma Rousseff au Brésil ou encore l’élection en Argentine de Javier Milei, très proche du réseau. Aux États-Unis, il se mobilise au côté des Républicains et espère fixer le programme politique de Donald Trump s’il est élu.
Un réseau bien ancré en France
Notre enquête revient sur l’histoire déjà ancienne du réseau Atlas en France et focalise l’attention sur cinq de ses partenaires dans l’Hexagone - l’Ifrap, Contribuables associés, l’IREF, l’Institut Molinari et l’IFP - qui illustrent la diversité des modes d’actions recommandés par Atlas pour influencer le climat des idées. Tous préfèrent rester discrets sur leurs liens avec le réseau américain. Tous ont de nombreux liens entre eux et avec des hommes d’affaires et des grandes fortunes, ainsi qu’avec toutes les nuances de la droite et de l’extrême-droite française.
De plus en plus efficaces et omniprésents dans les médias, où ils s’affichent comme experts objectifs ou comme défenseurs des simples contribuables, ils réussissent à imposer leurs idées et leurs thèmes parfois jusque dans les discours gouvernementaux, sur l’éducation ou le logement par exemple.
Réponse de la Fondation iFRAP, Fondation pour la Recherches sur les Administrations et les Politiques Publiques
Suite à la publication de cet article, l’Ifrap nous a fait parvenir le droit de réponse suivant :
« Le rapport « le réseau Atlas, la France et l’extrême-droitisation des esprits » appelle de la part de la Fondation iFRAP les observations et rectifications suivantes :
En premier lieu, la Fondation iFRAP ne dispose pas de lien avec le réseau Atlas et ne bénéficie d’aucun soutien de quelque nature que ce soit avec le réseau Atlas.
En deuxième lieu, la Fondation iFRAP est financée par des dons émanant à 70% de personnes physiques françaises avec un montant de versement moyen à hauteur de 130 euros. Les dons des entreprises sont plafonnés et les entreprises donatrices sont majoritairement des TPE, PME et ETI françaises.
En troisième lieu, la Fondation iFRAP, fondation reconnue d’utilité publique qui consacre son activité à l’évaluation des politiques publiques dans l’objectif de l’intérêt général de recherche du plein emploi et du développement économique, est parfaitement indépendante des parties politiques.
Elle ne défend pas d’intérêt particulier. »
Comme précisé dans son rapport, l’Observatoire des multinationales indique que sans avoir d’éléments sur le partenariat actuel entre la Fondation iFrap et l’Atlas network, il dispose de documents internes et publics du réseau Atlas montrant les liens entre l’iFrap et le réseau de longue date, et jusqu’à une période très récente : rencontre entre le fondateur de la Fondation iFrap et celui du réseau Atlas, mentions de la Fondation iFrap comme partenaire du réseau Atlas sur le site internet du réseau ou dans une publication de son directeur... S’il s’agit d’un lien indirect, l’Observatoire des multinationales réitère aussi que la directrice de la Fondation iFrap a bénéficié d’une formation auprès de think tanks membres du réseau Atlas aux Etats-Unis (notamment la Heritage Foundation et le Cato Institute).
L’Observatoire des multinationales regrette que la Fondation iFrap n’ait pas donné suite à ses demandes d’entretien en amont de la publication de son enquête.