30.01.2019 • Impunité

Trois ans après Samarco, un barrage minier de la multinationale Vale provoque une nouvelle catastrophe environnementale

Vendredi 25 janvier, un barrage minier a cédé dans l’État brésilien du Minas Gerais, dans le sud du Brésil. Les autorités ont déjà confirmé 60 victimes. Cette mine est exploitée par la multinationale brésilienne Vale. Celle-ci est déjà impliquée dans une catastrophe similaire qui a eu lieu il y a trois ans, à Mariana, dans la même région.

Publié le 30 janvier 2019 , par Rachel Knaebel

Vendredi 25 janvier, un barrage minier a cédé dans l’État brésilien du Minas Gerais, dans le sud du Brésil. La rupture du barrage Brumadinho, près de la capitale de l’État, Belo Horizonte, a libéré un fleuve de boue contenant des rejets miniers, qui a rapidement englouti un réfectoire utilisé par les employés de cette mine de fer, ainsi que plusieurs villages en aval. Les autorités ont déjà confirmé 60 victimes. Près de 300 personnes sont portées disparues, en grande partie des employés de la mine.

Cette mine est exploitée par la multinationale brésilienne Vale. Celle-ci est déjà impliquée dans une catastrophe similaire qui a eu lieu il y a trois ans, à Mariana, dans la même région. Le 5 novembre 2015, un barrage minier de l’entreprise Samarco, une joint-venture entre Vale et le groupe australien BHP Billiton, s’est rompu, libérant un tsunami de boue qui a englouti les villages alentours. 19 personnes avaient alors perdu la vie, dont 13 employés de la mine. Plusieurs villages ont été ravagés. Les rejets miniers ont pollué le fleuve Rio Doce sur 650 kilomètres, tuant des tonnes de poissons, jusqu’à l’Atlantique. C’est l’une des plus grandes catastrophes écologiques de l’histoire du Brésil moderne.

Cette fois, le nombre de victimes est déjà bien supérieur. Les dégâts écologiques risquent aussi d’être lourds. Selon la presse brésilienne, les boues toxiques échappées du barrage peuvent atteindre le fleuve Rio Paraopeba et affecter l’approvisionnement en eau de la région.

En décembre dernier, l’entreprise Vale avait obtenu un permis pour augmenter la capacité de la mine de Brumadinho, où le barrage a cédé vendredi 25 janvier. Organisations environnementales et habitants de la région s’étaient alors opposées à cette augmentation de productivité, comme le rappelle le journal en ligne The Intercept Brasil. « Depuis 2015, de nombreuses dénonciations ont été faites sur les risques de rupture des barrages du complexe, et pourtant, son agrandissement a été approuvé », dénonce le Mouvement des personnes atteintes par les barrages (Movimento dos atingindos pelas barragens, MAB). Ce mouvement défend les habitants et communautés victimes des dégâts causés par les barrages hydroélectriques ou miniers. Il rappelle aussi que, selon le dernier rapport sur la sécurité des barrages établi par l’agence nationale de l’eau, 45 barrages brésiliens présentent de risques de rupture [1].

« Nous avons vu la boue, et nous avons couru »

Pour Thiago Alves, coordinateur du MAB dans l’État du Minas Gerais, « l’impunité du crime de Mariana » dont profite la multinationale Vale, est en partie responsable de cette nouvelle catastrophe. Plus de trois ans après les 19 morts de Mariana, aucun responsable de l’entreprise Samarco n’a comparu devant un juge. 21 responsables de l’entreprise ont pourtant été mis en cause par la justice, mais la procédure n’avance pas. La construction de nouvelles habitations pour les sinistrés des villages détruits n’est toujours pas terminée.

Fin 2017, nous étions à Mariana sur la zone touchée par la catastrophe de 2015. Les habitants bataillaient toujours pour être indemnisés. L’entreprise voulait remettre en marche la mine au plus vite, arguant de la sécurité du complexe. « Nous avons vu la boue, et nous avons couru », nous disait alors Keila, qui avait vu sa maison entière détruite par la boue toxique lors de la rupture du barrage de Mariana, en novembre 2015. « L’alarme, cela a été le bruit de l’eau qui arrivait. Alors, nous nous sommes mis à courir en criant pour avertir les autres », disait aussi José, du même village. « Il ne faut plus jamais que ce qui nous est arrivé se reproduise », soulignait le sinistré. La catastrophe s’est reproduite. L’entreprise Vale est aussi active sur le territoire français, en Nouvelle Calédonie, où elle exploite une mine et une usine de production de nickel et de cobalt.

Rachel Knaebel

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Photo : CC Jeso Carneiro

Notes

[1Voir sur le site du MAB ici.

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