Cette nouvelle enquête de l’Observatoire des multinationales démontre, chiffres à l’appui, comment les échanges de personnel entre le plus haut niveau de l’État et le monde des affaires sont de plus en plus normalisés, affectant profondément le fonctionnement de notre démocratie.
Cette enquête se base sur de nombreux exemples et sur des données inédites issues de l’analyse de plus de 500 cas de pantouflages et rétropantouflages (ou « portes tournantes ») entre janvier 2022 et janvier 2025 en France.
Elle révèle qu’au-delà même des cas emblématiques qui font régulièrement la une de l’actualité (Alexis Kohler et la Société générale, Christophe Castaner et Shein...), les « portes tournantes » se retrouvent à tous les niveaux de responsabilité publique, créant trop souvent des situations d’entre-soi, de conflits d’intérêts et de capture des décisions publiques par les intérêts privés.
Parmi ses principales conclusions :
- Loin des discours convenus sur l’ouverture à la société civile et à l’esprit d’entreprise, les portes tournantes concernent à 98% des grands groupes et des cabinets de conseil.
- Les trois quarts des personnes concernées vont occuper des postes de lobbying dans le privé ou sont d’anciens lobbyistes qui rejoignent le secteur public.
- Dans beaucoup de cas, les régulateurs deviennent régulés ou inversement au sein d’un même secteur d’activité (finance, numérique, agriculture notamment).
Ce rapport de l’Observatoire des multinationales montre ainsi que le phénomène des « portes tournantes », souvent associé à la culture politique de Bruxelles et des institutions européennes, est tout aussi enraciné en France. En s’appuyant sur des exemples précis dans différents secteurs, il documente comment ce brouillage des frontières nuit à la qualité des régulations et à l’intégrité des décisions publiques.
Il souligne enfin à quel point l’encadrement actuel des portes tournantes reste inadéquat pour apporter une réponse à ces enjeux de fond. Un récent rapport de la Cour des comptes sur le sujet, rendu public le 14 mai, apporte des éléments d’information intéressants mais reste ainsi largement dans une optique de normalisation, voire de facilitation, des mobilités public-privé.
Rapport à lire (pdf, 23 pages) : « Portes tournantes » : comment la circulation des élites entre secteurs public et privé dénature notre démocratie |
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