C’est quoi une porte tournante ?
On parle de « portes tournantes » pour désigner les reconversions de responsables publics (ministres, élus, fonctionnaires, conseillers) dans le secteur privé, et inversement le recrutement d’anciens employés du privé à des postes de responsabilité publique.
Est-ce que c’est vraiment aussi généralisé que ça ?
Cédric O, Christophe Castaner, Muriel Pénicaud... Les reconversions d’anciens ministres macronistes ont défrayé la chronique ces dernières années. Mais au-delà de ces cas qui font la une des médias, le phénomène concerne aussi, de manière moins visible, des députés, des conseillers, ou des hauts fonctionnaires. Dans beaucoup de lobbys du secteur privé, on retrouve systématiquement d’anciens responsables publics. Nous avons établi pour ce rapport un échantillon de plus de 500 cas de portes tournantes entre janvier 2022 et janvier 2025, soit un cas tous les deux jours.
Pourquoi c’est un problème ?
La généralisation des portes tournantes est nocive pour la bonne santé de notre démocratie à plusieurs titres. Elles sont une source de multiples conflits d’intérêts qui alimentent la suspicion envers les dirigeants politiques. Elles donnent aux acteurs privés un accès privilégié aux décideurs et aux informations qui leur permettent de peser plus efficacement sur les décisions. Elles favorisent les phénomènes d’entre-soi entre secteur public et secteur privé.
Est-ce que ce n’est pas normal que tout un chacun puisse aller travailler dans le privé après avoir travaillé dans le public et vice-versa ?
Bien sûr que si. Nous ne parlons ici que des reconversions de responsables publics détenteurs d’un certain pouvoir, qui dans 98% des cas vont travailler ou sont issus du monde des grandes entreprises et des cabinets de conseil, et qui dans 71% quittent la sphère publique pour exercer des fonctions de lobbying... souvent auprès de leurs anciens collègues.
Est-ce que cela n’existe qu’en France ?
Non. Les « portes tournantes » sont une pratique bien documentée aussi bien aux États-Unis qu’au niveau des institutions européennes à Bruxelles, où plusieurs reconversions d’anciens commissaires, comme José Manuel Barroso à Goldman Sachs, ont fait scandale.
Est-ce qu’il n’y a pas des règles pour prévenir les abus ?
Des règles existent mais elles restent faibles et faciles à contourner. Elles permettent d’éviter certaines reconversions particulièrement problématiques, mais ne s’attaquent pas vraiment au fond du problème : protéger l’intégrité des décisions publiques contre les risques de capture par les grands intérêts privés.
Rapport à lire (pdf, 23 pages) : « Portes tournantes » : comment la circulation des élites entre secteurs public et privé dénature notre démocratie |
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