À l’approche des élections européennes, il est nécessaire d’évaluer ce qui a été mis en place pour faire face à la multicrise actuelle, aggravée par la pandémie, la crise du coût de la vie et par l’invasion russe de l’Ukraine. Le rapport "Les affaires au détriment des gens. Une analyse critique du financement public des réponses aux crises du COVID-19 et du coût de la vie en France, en Espagne et en Belgique fournit un aperçu détaillé du financement public des crises (d’un montant de 456 milliards d’euros) et démontre que les gouvernements français, espagnol et belge, au cours de la période étudiée, n’ont ni donné la priorité aux services socialement nécessaires ni placé le bien-être des personnes et de la planète au centre de leurs politiques publiques.
Peu de mesures ont été prises pour soutenir les personnes les plus vulnérables (femmes exerçant des tâches non rémunérées, jeunes et personnes âgées, migrant·es, travailleur·euses occupant des emplois non réglementés ou informels...). En outre, pendant la période de suspension des règles fiscales européennes, les gouvernements n’ont pas engagé de dépenses publiques pour renforcer les secteurs publics et ainsi garantir les droits collectifs.
En revanche, entre un tiers et la moitié des financements ont été alloués à des entreprises privées. Si l’on tient également compte des aides indirectes, telles que les mesures de protection de l’emploi ou les subventions à l’énergie des ménages, elles ont reçu 69 % (France), 68 % (Espagne) et 58 % (Belgique) des financements publics. Par conséquent, le principal bénéficiaire des mesures de crise a été le secteur privé - par le biais de subventions, de prêts à taux préférentiels, de leviers fiscaux et de garanties publiques -, mais il a également bénéficié d’un soutien indirect - en recevant des milliards d’argents publics pour maintenir sa main-d’œuvre. En outre, ces fonds n’étaient pas tenus de respecter des critères climatiques ou de genre.