Cette étude recense, sur les 15 dernières années, 235 cas de remunicipalisation dans 37 pays, touchant plus de 100 millions de personnes. Cette tendance à la remunicipalisation est en outre en pleine accélération, puisque le nombre de cas a doublé sur la période 2010-2015 par comparaison avec la période 2000-2010.
La publication de l’ouvrage collectif Our public water future : The global experience with remunicipalisation (« Un avenir public pour notre eau : L’expérience mondiale de la remunicipalisation ») [1] a lieu quelques jours seulement après la décision prise à Jakarta d’annuler les contrats de privatisation en cours, au motif qu’ils constituent une violation du droit à l’eau des 9,9 millions d’habitants de la métropole indonésienne. Il s’agit de la plus importante remunicipalisation au monde.
Les cas de remunicipalisation identifiés à ce jour [2] se concentrent dans les pays à revenus élevés, avec 184 remunicipalisations, contre 51 dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires. La grande majorité a eu lieu dans deux pays : la France (siège des plus grandes multinationales de l’eau, Suez et Veolia) et les États-Unis.
« Cet ouvrage collectif montre que la privatisation de l’eau, qui a été promue si agressivement ces dernières années, est de plus en plus rejetée par les villes du monde entier où elle a été expérimentée, en raison des promesses non tenues, de la faible qualité du service rendu et de la hausse des prix, explique Satoko Kishimoto, principale coordinatrice du livre et experte du Transnational Institute. On assiste à un retour de balancier en faveur de la gestion publique, sur la base de l’expérience accumulée, laquelle démontre clairement que la remunicipalisation permet des économies budgétaires immédiates, une meilleure performance opérationnelle, une hausse des investissements, ainsi que des niveaux plus élevés de transparence et de responsabilité démocratique. »
« La remunicipalisation offre l’opportunité de construire des services publics de l’eau de qualité, socialement désirables et écologiquement soutenables, pour le plus grand bénéfice des générations actuelles aussi bien que des générations futures. Autant d’enjeux qui ne reçoivent qu’une attention très limitée de la part des opérateurs privés de l’eau, qui se soucient avant tout de profitabilité et de dividendes, ajoute Anne Le Strat. ancienne adjointe au maire de Paris et cheville ouvrière de la remunicipalisation de l’eau dans la capitale française en 2010. D’autant plus que les opérateurs publics de l’eau joignent de plus en plus leurs forces, au sein d’un même pays et par-delà les frontières, pour se soutenir mutuellement et partager leur expertise afin de réaliser le droit humain à l’eau pour tous. »
Le livre Our public water future : The global experience with remunicipalisation est publié par l’Observatoire des multinationales conjointement avec deux think-tanks, le Transnational Institute (TNI) et Municipal Services Project (MSP) ; une organisation académique liée au monde syndical, la Public Services International Research Unit (PSIRU) ; et une organisation syndicale, la Fédération syndicale européenne des services publics (FSESP/EPSU).
Son lancement a lieu au moment où doit se tenir en Corée du Sud le Forum mondial de l’eau, un espace international dominé par le secteur privé, qui a joué un rôle majeur de promotion de la privatisation de l’eau au cours des années récentes.
Une note aux médias est disponible, qui présente les principales conclusions du livre en français.