08.06.2015 • Défense

Exportations d’armes : la fuite en avant française

Les exportations d’armes françaises sont reparties à la hausse, et le gouvernement a célébré en fanfare la signature de contrats de vente du Rafale à l’Égypte, à l’Inde et au Qatar. Dans son blog pour le Monde diplomatique, Philippe Leymarie fait le point sur la question. Et si la multiplication des contrats de vente d’armes avec des régimes parfois bien peu recommandables, au risque d’attiser ou d’entretenir des conflits, notamment au Moyen-Orient, n’était qu’un cache-misère : le signe d’une incapacité à mener une véritable reconversion des industries concernées ?

Publié le 8 juin 2015

C’est la fuite en avant : les commandes d’armes à l’export dépassent pour la première fois le montant des acquisitions des armées françaises, avec notamment trois marchés consécutifs ces derniers mois pour le chasseur Rafale — Egypte, Inde, Qatar (alors que la merveille meurtrière de Dassault semblait invendable depuis une quinzaine d’années) —, des contrats de plusieurs milliards d’euros décrochés en Pologne, en Arabie saoudite, et d’autres actuellement en cours de négociation dans le Golfe. Si bien que l’Allemagne, qui avait ravi à la France la place de troisième exportateur mondial, se trouve à nouveau distancée…

Cette envolée est présentée officiellement comme le résultat du travail de « l’équipe France » (le pouvoir politique, les entreprises…) ; comme un moyen de sauvegarder une industrie autonome de l’armement, gage de souveraineté ; et comme une contribution au rééquilibrage de la balance commerciale française. Mais elle pose, en creux, une fois de plus, la question de l’opportunité de ces ventes, et celle de leur contrôle, à quelques semaines de la publication du rapport du gouvernement sur les exportations françaises d’armement pour 2014 et de l’ouverture du salon aéronautique du Bourget. Et donc celle de l’avenir de l’industrie française de défense. (...)

Les syndicats font remarquer qu’ils plaident depuis longtemps pour la diversification afin de ne pas dépendre uniquement des armes et de l’export. Certains s’inquiètent que des pays comme la France, dans cette course aux exportations destinée à sauver une industrie nationale défaillante, ne se retrouvent à vendre des machines de guerre (comme récemment le chasseur Rafale) dans des zones de tensions ou de conflits.

Pour se mettre en situation de fournir de l’armement aux monarchies du Golfe, Paris a dû en effet multiplier les concessions : signature d’accords de défense contraignants, et de partenariats ; ouverture d’une base interarmées à Abou Dhabi, participation du président Hollande au début de ce mois au sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG)… Autant de gestes spectaculaires qui mettent de fait la France en première ligne en cas d’extension d’un conflit dans ces parages, face à l’Iran.

Lire l’intégralité du billet de Philippe Leymarie sur le site du Monde diplomatique, ainsi que les deux billets qui lui font suite ici (sur l’absence et la nécessité d’un vrai débat public sur les exportations d’armes en France) et (sur le Parlement sur les exportations d’armement pour 2014).

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Image : Didier Weemaels CC

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