07.03.2016 • Mouvement syndical

« Sans plan de transition sérieux, les entreprises deviendront vulnérables, et leurs travailleurs aussi. »

Entre la crise climatique, la montée en puissance des entreprises multinationales et le basculement géopolitique vers l’Asie, le mouvement syndical international est confronté à des nouveaux enjeux, qui bouleversent profondément la manière dont il s’est construit depuis le XIXe siècle. La Confédération syndicale internationale (CSI), qui regroupe plus de 300 organisations syndicales dans 162 pays et territoires, est en première ligne pour répondre à ces défis. Sharan Burrow, secrétaire-générale de la CSI depuis 2010, a accepté de répondre à nos questions.

Publié le 7 mars 2016

La CSI s’est activement impliquée, depuis de nombreuses années dans les discussions internationales sur le climat, avec pour mot d’ordre la revendication d’une « transition juste », c’est-à-dire une transition qui ne se fasse pas au détriment des travailleurs. Quel bilan tirez-vous de la Conférence climat de Paris et de l’accord qui en a résulté ?

La COP21 a établi un cadre global. Nous savions que nous n’allions jamais obtenir le traité ambitieux que le monde a tenté d’atteindre à Copenhague, mais au moins l’Accord de Paris est juridiquement contraignant. Bien sûr, il y a plusieurs aspects sur lesquels nous aurions aimé voir des engagements beaucoup plus forts. C’est le cas pour les engagements de financement, qui sont encore insuffisants. C’est le cas aussi pour les objectifs nationaux soumis par les gouvernements, ce que l’on appelle dans le jargon de la COP les « contributions prévues déterminées au niveau national » (INDC en anglais). Si elles ne sont pas révisées en 2018, cela aura pour effet de verrouiller la faiblesse des ambitions actuelles jusqu’à au moins 2030, ce qui entrainera le réchauffement des températures globales au-delà de l’objectif officiel des 2ºC [1]

L’absence de plans nationaux pour mettre en œuvre l’accord de Paris est un autre sujet de préoccupation. On peut se demander si les objectifs affichés par les différentes nations ou par l’Union européenne sont suffisamment ambitieux, mais, au-delà, le problème est aussi que la plupart des pays n’ont pas de plan pour atteindre ces objectifs. Mis à part quelques exemples, comme en Allemagne en raison de la sortie du nucléaire ou en Scandinavie, il y a peu d’indications que les gouvernements réfléchissent vraiment sérieusement à l’élaboration de plans nationaux pour le climat, et encore moins que ceux-ci reposent sur le dialogue social et incluent des dispositions en vue de ce que nous appelons une « transition juste ». Dans le monde, il n’y a qu’un seul pays qui ait mis en place un comité multipartite sur le climat : le Sénégal. C’est l’un des pays les plus pauvres du monde, mais au moins ils savent qu’ils doivent associer tout le monde à l’élaboration d’un plan pour l’avenir afin d’atteindre un monde sans carbone zéro - mais aussi un monde sans pauvreté, à travers les « objectifs de développement durable » (ODD).

En 2015, le monde a conclu deux accords historiques : l’un sur les ODD et l’autre sur le climat. Cette ambition mondiale doit maintenant se traduire en ambition et en action au niveau national. Pour les syndicats, la voie à suivre aujourd’hui est de mettre en œuvre la transition juste que nous avons appelée de nos vœux. Nous allons demander à tous les gouvernements et aux employeurs, tant au niveau des entreprises que des secteurs, un dialogue autour de l’élaboration de plans nationaux, afin de voir comment nous pouvons transitionner de notre dépendance actuelle envers les combustibles fossiles vers une économie basée sur les énergies renouvelables.

Considérez-vous que vous avez obtenu une réponse positive de la part des entreprises à ce sujet à COP21 ?

Pas encore. Les entreprises et les investisseurs étaient présents à COP21 en nombre beaucoup plus important que jamais auparavant dans le cadre d’une conférence internationale. Certains d’entre eux sont sincèrement engagés dans la transition. Mais je ne pense pas que les multinationales du secteur des hydrocarbures fossiles ou les grandes entreprises énergétiques se rendent compte à quel point le temps dont elles disposent pour la transition est compté. Elles sont face à un choix : ou bien rester des entreprises de premier plan à l’avenir, ou bien tomber dans l’oubli. Je ne pense pas en particulier que les firmes énergétiques aient pris conscience que les modèles d’approvisionnement en énergie sont en train de se transformer, et que les autres secteurs d’activité disposent désormais de davantage d’options en terme d’auto-approvisionnement que ce n’était le cas au cours des dernières décennies. D’ores et déjà, dans le contexte actuel de chute du cours des hydrocarbures, les investisseurs retirent leur argent de ces entreprises, et des emplois sont détruits. Sans plan de transition sérieux, les grandes entreprises énergétiques deviendront vulnérables, et avec elles les travailleurs et les territoires qui dépendent d’elles.

Comment jugez-vous l’attitude du mouvement pour le climat et des écologistes à cet égard ? Les travailleurs et leurs syndicats leur reprochent souvent de se contenter d’en appeler au désinvestissement des énergies fossiles ou de la fin du charbon, sans parler de ce que cela implique pour les travailleurs.

À l’échelle globale, nous avons noué une alliance très étroite avec les grandes ONG environnementalistes et de développement sur la question du climat. Il ne fait aucun doute que ces organisations comprennent la nécessité d’une transition juste. Nous avons apporté notre soutien aux demandes de divulgation du « risque carbone » auquel sont exposées les entreprises du secteur des énergies fossiles, et nous comprenons les objectifs du mouvement pour le désinvestissement, qui est né d’une exaspération générale vis-à-vis de l’attitude de ces entreprises. Pour nous, si une entreprise refuse d’avoir un plan pour se décarboner et préserver l’emploi compatible avec une limitation du réchauffement global à 2ºC, il est inévitable qu’elle devienne une cible pour le désinvestissement. Sans transformation de leur mix énergétique et sans investissements dans les compétences et le redéploiement de leurs travailleurs, nous allons voir non seulement des entreprises, mais des communautés tout entières devenir vulnérables. Cela est déjà le cas actuellement aux États-Unis avec les faillites de plusieurs firmes spécialisées dans le charbon.

Est-il facile de faire passer ce message sur le climat et la transition à la base, en particulier parmi les travailleurs et les syndicalistes des grandes entreprises du secteur des hydrocarbures ou de l’énergie, qui figurent souvent parmi les syndicats les plus puissants de chaque pays ?

Cela fait une décennie que nous faisons campagne pour une transition juste. Enfin, l’Accord de Paris inclut un engagement explicite en ce sens. Mais est-ce que je pourrais prétendre que les gens n’ont pas peur ? Bien sûr que si. Beaucoup de ces emplois sont de bons emplois. Ils sont liés à de solides conventions collectives. Ils ont été le pilier de nombreuses collectivités. Et ils ont à bien des égards construit la prospérité d’aujourd’hui. Nous exigeons le respect pour les travailleurs du secteur des énergies fossiles, nous exigeons qu’il y ait un dialogue avec eux, et que leurs craintes soient effectivement surmontées, à travers un plan qui donne à ces personnes, à leurs familles et à leurs communautés des raisons de croire à l’avenir. C’est précisément à ce niveau que les gouvernements sont totalement défaillants, à l’exception d’un ou deux.

Il y a eu un certain nombre de dossiers, comme l’oléoduc Keystone XL aux États-Unis, où le mouvement syndical s’est retrouvé divisé, certains syndicats soutenant les environnementalistes et d’autres, surtout dans les secteurs de l’industrie ou du bâtiment, se retrouvant alliés avec leurs patrons.

Nous avons connu cela aux États-Unis, au Canada, en Europe centrale et orientale. La bataille autour de Keystone était en fait une bataille sur l’emploi. C’est sur ce point que les gouvernements nous font défaut. Si le gouvernement avait mis en avant une alternative offrant le même nombre d’emplois et avait demandé « Que choisiriez-vous ? », le débat aurait été très différent. Quand il y a un plan et une vision pour l’avenir, les gens ont de l’espoir, et la peur ne les pousse pas à dire non au changement. Quand il n’y a pas de plan, il n’y a pas d’espoir, et la peur est extraordinaire.

Nous disons très clairement que si nos petits-enfants travailleront encore peut-être dans le secteur de l’énergie, cela ne sera certainement pas dans le secteur des énergies fossiles. Notre rôle est maintenant d’exiger un dialogue entre employeurs et syndicats, afin de faire en sorte que les travailleurs aient une vision claire de l’avenir de leurs emplois. Cela requiert un engagement des gouvernements nationaux pour encadrer ce dialogue, et, en dernière instance, un plan national. Dans ce contexte, les entreprises auront le choix. Si elles veulent faire partie de l’avenir, elles devront être absolument déterminées à collaborer avec les travailleurs. En Europe, cela ne devrait rien avoir de difficile : il y a déjà des comités d’entreprises et une tradition de dialogue social.

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Diriez-vous que cette défaillance des gouvernements est aussi le résultat des politiques de privatisation, qui leur ont fait perdre le contrôle de leurs systèmes énergétiques ?

Je pense que c’est une réponse trop facile. Certes, la privatisation ne nous a pas très bien servi, mais bon nombre des entreprises dont nous parlons sont toujours des entreprises d’État. Dans certains cas, elles sont bien gérées et investissent depuis longtemps dans les énergies renouvelables. D’autres sont très ancrées dans un état d’esprit qui ne leur permettra pas de mener assez rapidement la transition vers un mix énergétique renouvelable. Il en va de même dans le secteur privé, où l’on voit beaucoup d’entreprises à très courte vue. Et quand une entreprise met effectivement au point un plan de transition, comme cela a été le cas de la firme américaine NRG, ce sont le conseil d’administration et les actionnaires qui font preuve d’aveuglement : ils ont congédié le directeur général et décidé de séparer leurs investissements dans les renouvelables de leurs actifs dans les énergies fossiles, de sorte que ces derniers se retrouveront immanquablement une cible de désinvestissement. Les entreprises ont besoin de plans pour transitionner harmonieusement vers l’avenir, avec un projet transparent, qui permet aux travailleurs et aux autres de voir les progrès. À quelques exceptions près, rien ne se passe. Lorsque la plupart des investisseurs ne regardent que leur taux de rendement à quelques mois, au mieux, c’est tout bonnement inimaginable.

Vous avez mentionné la tradition européenne de dialogue social européen. Pensez-vous justement que ce sera suffisant pour conduire une « transition juste », compte tenu de l’énorme déséquilibre de pouvoir entre les travailleurs et leurs communautés d’une part, et les investisseurs de l’autre ? Comment s’assurer que les travailleurs ne paieront pas toujours en fin de compte le prix de la transition ?

Nous demandons que les plans de « transition juste » incluent une certaine sécurité de l’emploi, avec un engagement limité dans le temps, ainsi que des investissements dans les compétences et le redéploiement des travailleurs. En outre, nous demandons également un mécanisme financement de la transition juste - par exemple un pourcentage des fonds perçus via la fiscalité sur le carbone - pour garantir des emplois et apporter un soutien aux travailleurs et à leurs communautés.

Le secteur des énergies renouvelables pourra-t-il jamais offrir des emplois de qualité comparable à ce qui était la norme dans les grandes entreprises énergétiques ?

Il est de notre devoir d’organiser les travailleurs dans le secteur des énergies renouvelables afin de leur assurer des emplois de qualité. Il n’y a aucune raison pour que ce ne soit pas le cas. Ce sont des emplois qualifiés. Nous organisons des centaines de milliers de personnes dans le secteur des énergies renouvelables, et nous avons obtenu des régularisations d’emplois dans des secteurs autrefois considérés comme les pires exemples de l’informel, par exemple les ramasseurs de déchets, qui pourraient devenir la base de l’économie circulaire.

Dans la perspective du Forum économique mondial de Davos, la CSI publié un rapport attirant l’attention sur la « main-d’œuvre cachée » des grandes entreprises mondiales, montrant par exemple que si Carrefour compte officiellement environ 300 000 employés à l’échelle mondiale, ce qui est déjà beaucoup, en réalité, si l’on tient compte de ses chaînes d’approvisionnement, cela devrait plutôt être 3 millions de travailleurs, la plupart dans les pays du sud, dont 90% ne sont pas des employés directs de l’entreprise [2]. Comment le mouvement syndical peut-il faire à cette réalité ?

Nous avons publié ce rapport pour montrer à quel point le système économique mondial est insoutenable. Les multinationales font les énormes profits qu’elles font grâce à une main-d’œuvre qui est totalement dépendant d’elles, mais en grande partie invisible. En moyenne, seulement 6% de cette main-d’œuvre sont des employés directs de ces entreprises. Dans la majorité des cas, cette main d’œuvre travaille pour des salaires de misère, dans un environnement précaire et souvent dangereux, et avec des conditions terribles, y compris du travail informel et des heures supplémentaires obligatoires. Une telle orientation est moralement inacceptable, et elle est insoutenable. J’ai visité moi-même les usines de ces chaînes d’approvisionnement : on ne peut pas voir les conditions qui règnent dans ces usines sans savoir que si l’on y emmenait les PDG de certaines multinationales, eux-mêmes seraient horrifiés.

Le PIB mondial a triplé au cours des 30 dernières années, et pourtant, les revenus se sont effondrés, et nous avons assistés à un accroissement des inégalités qui est devenu un risque global en lui-même. Prenez une revendication minimale, comme celle d’un salaire de subsistance. Une lutte est actuellement en cours en Indonésie sur cette question : il y est question d’un déficit de salaire minimum d’entre 25 et 50 dollars par mois en moyenne pour les travailleurs indonésiens. Pour des Européens, cela ne semble pas beaucoup, mais pour eux, cela représente la différence entre vivre dans la dignité et élever sa famille dans un environnement de pauvreté. Certains patrons sensés, comme Paul Polman, le PDG d’Unilever, disent eux-mêmes que leurs marchés se réduisent, et que la seule façon pour eux de les élargir est de faire en sorte que les gens aient des revenus suffisants pour acheter leurs produits. En dehors même des enjeux de droits de l’homme et le travail décent qui sont ceux pour lesquels nous nous battons, la réalité est que le modèle économique actuel est devenu insoutenable en lui-même.

Comment y remédier ?

À la CSI, nous avons identifié trois « lignes de front » : la première est le climat ; la deuxième est celle-ci, l’enjeu des chaines d’approvisionnement, avec pour slogan « mettons fin à la cupidité des entreprises » ; et la troisième est l’élimination l’esclavage, en particulier, mais pas seulement, dans les pays du Golfe.

Les multinationales doivent être tenues de rendre compte en matière de droits fondamentaux et de sécurité au travail par-delà les frontières. Les gouvernements et les organisations internationales ont les moyens d’agir. L’OCDE est en train d’élaborer une norme sur le « devoir de vigilance ». Si celle-ci est négociée avec succès, nous appelerons tous les gouvernements à la rendre obligatoire, afin que les gens puissent poursuivre les entreprises lorsqu’elles seront défaillantes à cet égard. Angela Merkel s’est emparée de cette question et l’a mise à l’ordre du jour du G7 l’an dernier. Le projet de traité sur les multinationales et les droits humains dans le cadre des Nations unies (lire notre article) est un autre chantier, à plus long terme.

Nous sommes aussi très intéressés par la proposition de loi en cours d’adoption en France visant à instaurer un « devoir de vigilance » (lire notre article le plus récent ici). Ce projet de loi, même s’il a été édulcoré, est pionnier. Si seulement même un petit nombre de pays européens rendaient ainsi obligatoire une forme de devoir de vigilance des multinationales, cela changerait totalement la donne, non seulement pour des situations comme les conditions de travail au Qatar, pour lesquelles Vinci est aujourd’hui poursuivie en France (voir nos articles ici et ), mais aussi pour la responsabilité des multinationales partout dans le monde. La procédure contre Vinci en France est révolutionnaire, et nous pensons qu’il y aura beaucoup d’autres procédures de ce type à l’avenir, même avec le cadre législatif actuel. En fait, nous réalisons en ce moment même un travail de cartographique pour identifier de nouveaux cas.

Est-ce que le mouvement syndical international est préparé pour faire face aux grandes évolutions géopolitiques actuels ? Comment abordez-vous des pays comme la Chine ou la Russie ?

Ce sont deux situations très différentes. La Chine a peut-être l’air vulnérable à l’heure actuelle, mais elle a une stratégie de développement de son marché intérieur qui repose sur l’augmentation des salaires et la protection sociale des citoyens. Est-ce une démocratie ? Non. Est-ce que nous pouvons organiser les travailleurs en Chine ? Non. Mais ce sont nos firmes occidentales qui sont allés en Chine pour pouvoir y payer des salaires de misère. L’US Chamber of commerce, principal lobby patronal américain, s’oppose aux droits des travailleurs en Chine. Lorsque nos propres entreprises se comportent de cette façon, il y a un problème de fond, mais nos gouvernements refusent de le reconnaître.

Avec la Russie, c’est plutôt une question de paix et de sécurité. Les travailleurs russes sont les victimes des tensions actuelles, parce que l’économie s’effondre, et parce que les sanctions, si elles peuvent être compréhensibles d’un point de vue géopolitique, leur font du tort. En ce sens, tout comme les travailleurs chinois sont les victimes de nos propres multinationales et des ambitions de leur gouvernement, les travailleurs russes sont victimes d’une situation géopolitique qu’ils n’ont pas créée. La même chose pourrait être dite du Moyen-Orient. Dans chaque cas, ce qui se passe actuellement peut être ramené, en grande partie, aux décisions géopolitiques des dirigeants occidentaux depuis des décennies. Nous devons avoir une meilleure vision du monde, où les gens ont de l’importance, où les droits comptent, et où la paix et la démocratie sont fondamentales, indépendamment des intérêts commerciaux.

L’extrême-droite cible particulièrement les travailleurs en ce moment, en particulier autour de la question des migrants et des réfugiés : aux États-Unis avec Donald Trump, en France, et dans de nombreux pays d’Europe. Quel est le rôle des syndicats dans un tel contexte ?

Nous devons parler aux travailleurs, parler de ce qu’ils veulent pour eux-mêmes et pour leurs enfants, et pourquoi cela ne devrait pas la même chose pour d’autres personnes. Les syndicats ont toujours été une contre-voix, et nous continuerons à l’être. Encore une fois, cela renvoie à la peur. Donald Trump est un fou, mais ses déclarations simplistes trouvent un écho dans les craintes des travailleurs. Tous les partis politiques sont responsables de cette situation. Si un parti politique veut asseoir son pouvoir en faisant croire que d’autres gens valent moins que nous en raison parce qu’ils viennent d’un autre pays ou pratiquent une autre religion, et qu’ils peuvent donc être traités sans tenir compte des droits de l’homme, alors il ne mérite pas d’être au pouvoir. Si les partis progressistes veulent avoir un avenir (et il le faut), ils doivent être capables de parler aux travailleurs.

Pour moi, c’est le toujours même test fondamental. Aux patrons des multinationales, je dis : « Est-ce que vous voudriez que vos fils et vos filles travaillent dans de telles conditions ? Non ? Eh bien alors ne laissez pas vos entreprises traiter les fils et les filles d’autres personnes comme moins que des humains. » C’est la même chose pour les hommes politiques, et c’est le message que nous devons transmettre dans nos communautés et parmi les travailleurs. Il y a déjà de nombreux citoyens et de nombreuses collectivités merveilleuses à travers le monde, prêts à accueillir des réfugiés. Les syndicats ont toujours été le rempart de la démocratie. Si on veut construire la démocratie, on autorise les syndicats et on construit un récit centré sur l’aspiration à rendre la vie des gens meilleure. Si on veut détruire la démocratie, on commence par s’attaquer aux syndicats.

Propos recueillis par Olivier Petitjean

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Photo : Omar Chatriwala CC

Notes

[1Le 2 mars 2016, après la réalisation de cet entretien, la Commission européenne a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne comptait pas réviser ses objectifs climatiques à la hausse en 2018.

[2Lire notre article au sujet de ce rapport : Les centaines de millions de travailleurs ignorés des multinationales.

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