26.10.2023 • Actus, revue de presse et liens

La parole des communautés, la comm’ des entreprises - Lettre du 26 octobre 2023

Publié le 26 octobre 2023

Bienvenue dans la lettre d’information de l’Observatoire des multinationales.

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Bonne lecture

Socfin : la vérité du terrain

Pollution, atteintes aux droits fonciers, déforestation... Du Cameroun à la Sierra Leone en passant par le Cambodge, les plantations de la Socfin – détenue en partie par le groupe Bolloré - sont depuis des années au centre des critiques.

La journaliste nigériane Elfredah Kevin-Alerechi est allée sur le terrain, à la rencontre des communautés affectées par sa plantation d’Okomu, dans une région isolée du sud du Nigeria. Comme les autres plantations de la Socfin, elle alimente les marchés européens en caoutchouc et en huile de palme.

Sur place, ce sont les mêmes accusations qu’on entend : villages détruits pour faire place à la plantation, titres fonciers contestés, complicités gouvernementales et policières, pollutions, déforestation, brutalités dans le traitement des populations.

Lire son enquête : Au Nigeria, les communautés riveraines d’une plantation dénoncent les mauvais traitements de la Socfin.

En contrepoint de ce reportage, nous publions une analyse d’Audrey Travère sur la manière dont la Socfin essaie, depuis 2017, de redorer son image, sans trop de résultats sur le terrain.

Pour ce faire, la Socfin a noué un partenariat avec la fondation Earthworm (dont nous avions déjà parlé il y a presque dix ans, alors qu’elle s’appelait The Forest Fund).

Lire son article : Comment la Socfin essaie (avec difficulté) de redorer l’image de ses plantations.

Pour qui roule la France à Bruxelles ?

Il y a quelques mois, l’Observatoire des multinationales a montré comment la France a oeuvré en coulisses pour affaiblir le projet de directive européenne sur le devoir de vigilance des multinationales, en cours de finalisation. Les représentants tricolores à Bruxelles ont notamment exigé, et obtenu, que le secteur financier soit exclu du champ de la législation, pour le plus grand bonheur des banques françaises mais aussi des géants américains comme BlackRock. Une complaisance qui s’explique par la volonté de promouvoir l’attractivité de la place financière de Paris dans le contexte post-Brexit.

Notre enquête à (re)lire : La France a-t-elle torpillé le « devoir de vigilance » européen pour complaire au CAC40 et à BlackRock ?.

Deux articles sont récemment venus confirmer et prolonger nos révélations, dans Reporterre et L’informé.

Dans notre propre investigation, nous avions attiré l’attention sur le rôle des « portes tournantes » entre Bercy, la Représentation de la France à Bruxelles et le secteur privé [lire Du public au privé en passant par Bruxelles. Ces échanges de personnel entre institutions publiques, banques et multinationales expliquent que BlackRock, Axa, BNP Paribas et compagnie aient aussi peu de mal à se faire entendre et à convaincre les responsables français de défendre leurs intérêts.

Cela vaut en France même, comme nous le montrons dans notre page spéciale Les portes tournantes, mais plus encore à Bruxelles. Deux cas récents sont venus confirmer l’ampleur du phénomène. La conseillère Europe de l’Elysée, qui officiait au ministère des Affaires européennes durant la Présidence française du Conseil de l’UE, est récemment devenue la nouvelle directrice du Medef. Quelques jours plus tôt, c’était un autre représentant officiel de la France à Bruxelles qui partait rejoindre le bureau européen d’un cabinet américain de relations publiques.

En bref

Stellantis engage des briseurs de grève. Ford vient de signer un accord avec les salariés du secteur automobile étatsunien, en grève depuis six semaines. Les ouvriers représentés par l’UAW (United Automobile Workers) ont obtenu une augmentation de 25% sur quatre ans. En revanche, le bras de fer se poursuit avec les deux autres géants du secteur, General Motors et … le français Stellantis (Peugeot-Fiat), propriétaire de Chrysler. Selon des sources syndicales, Stellantis aurait récemment fait appel à Hufmaster, une firme spécialisée dans la répression des conflits sociaux, qui fournit des agents de sécurité et des travailleurs temporaires pour remplacer les grévistes.

Comment les géants de l’énergie ont saboté la taxation des superprofits. Un nouveau rapport de la coalisation Fossil Free Politics revient sur la manière dont les majors pétrolières et gazières ont réussi à contrecarrer toute velléité de taxer sérieusement leurs superprofits. De Rome à Londres en passant par Madrid et Bruxelles, ce sont les ingrédients malheureusement habituels que l’on retrouve : accès privilégié aux décideurs, portes tournantes, entre-soi au sein de comités obscurs ou de réceptions luxueuses... On relira aussi notre enquête à ce sujet publiée l’année dernière : Guerre en Ukraine et superprofits pétroliers.

Gaz russe : les liaisons dangereuses de Technip. Arctic LNG2, après Yamal LNG, devait être le second mégaprojet gazier de Novatek, partenaire de plusieurs géants français, dans l’Arctique russe. TotalEnergies a fini par se retirer du projet sous la pression. Un autre groupe tricolore est concerné : Technip, dont l’actionnaire principal n’est autre que Bpifrance. Une enquête vidéo du Monde raconte comment la Russie a poursuivi le chantier malgré les sanctions occidentales, et comment Technip a continué durant plusieurs mois à lui livrer des équipements – que l’entreprise prétend non couverts par les sanctions. À visionner ici.

Idemia, champion de la biométrie et des controverses. Une enquête d’Audrey Travère (la même qui signe l’analyse de la politique RSE de la Socfin évoquée ci-dessus) pour la cellule investigation de Radio France se penche sur les casseroles d’un champion français méconnu, spécialiste de la biométrie : Idemia. En charge de la gestion de la Carte vitale en France, ce groupe appartenant aujourd’hui au fonds Advent et à Bpifrance (décidément toujours dans les mauvais coups) fournit ses services aux administrations électorales en Afrique et aux services de police aux Etats-Unis. Non sans susciter des remous.

Rappel : formation « Comment enquêter sur le lobbying ? » À la demande générale et suite au succès de la formation que nous avons proposée en juin, nous organisons une nouvelle formation « Comment enquêter sur le lobbying à Bruxelles et à Paris ? » les 13 et 14 novembre à Paris. Renseignements ici.

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