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Comment Shell a réécrit les objectifs climatiques de l’Union européenne

C’est un nouvel exemple de la porosité des institutions européennes aux pressions des grandes entreprises, surtout lorsque ces dernières sont activement soutenues par des gouvernements comme celui de la Grande-Bretagne. Le Guardian raconte, documents à l’appui, comment l’entreprise pétrolière anglo-néerlandaise Shell a mené une campagne de lobbying victorieuse auprès des gouvernements et de la Commission européenne pour qu’ils abandonnent tout objectif contraignant en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique, se contenant d’un simple objectif de réduction des émissions de CO2.

Publié le 30 avril 2015

La stratégie de Shell, de même que d’autres grandes entreprises européennes comme Total (lire notre article), est de préserver une partie de son fonds de commerce en faisant en sorte que la politique énergie-climat de l’Union européenne accorde encore une large place à une source d’énergie fossile, présentée comme plus « propre » : le gaz [1].

En plus de son objectif général de réduction de 40% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990, l’Union a maintenu un objectif général de 27% d’énergies renouvelables globalement, mais celui-ci ne se traduit pas en objectifs contraignants pour chaque pays.

Le Guardian revient sur la campagne de lobbying orchestrée depuis 2011 par Shell avec le soutien du gouvernement britannique pour obtenir gain de cause (traduction par Courrier international :

Les objectifs énergétiques adoptés par l’Union européenne (UE) en octobre 2014 vous ont paru manquer d’ambition ? C’est normal. Ils ont été dictés par l’une des majors du secteur pétrolier : Shell. Ses lobbyistes ont murmuré à l’oreille du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, pour exclure tout autre objectif contraignant en dehors des 27 % d’énergies renouvelables (ENR) à l’horizon 2030, révèle The Guardian.

L’Europe vise donc désormais 40 % de réduction de ses émissions pour 2030 par rapport aux niveaux de 1990, sans avoir fixé les moyens d’y parvenir et sans objectifs par État, un point particulièrement contesté par le Royaume-Uni lors des discussions, rappelle le quotidien britannique.

[Celui-ci] s’est procuré plusieurs documents qui démontrent que certains points clés de l’accord figuraient dans des propositions des lobbyistes de Shell dès octobre 2011. Ces derniers auraient convaincu Barroso d’abandonner la formule préexistante, qui liait les objectifs à des lois contraignantes sur l’énergie. Le principal argument des lobbyistes ? Une transition énergétique vers le gaz naturel (moins émetteur que le charbon ou le pétrole) permettrait à l’Europe des économies de 500 milliards d’euros par rapport à un tournant vers les énergies renouvelables.

Lire l’intégralité de l’article sur le site du Guardian.

Olivier Petitjean

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Photo : Robert Laliberte cc by-nc

Notes

[1Ce qui est vrai dans l’absolu, quoique le gaz reste une énergie fossile et que certaines formes d’extraction (notamment la fracturation hydraulique) soient presque aussi nuisibles pour le climat que le charbon, la source d’énergie fossile la plus « sale ».

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