(...) Jours de grève payés, accès gratuit aux rayons des magasins pour confectionner panneaux et banderoles, autorisation d’installer des "stands à pétition" : chez Castorama comme chez Leroy-Merlin, le patronat n’a reculé devant aucune générosité pour soutenir les Bricoleurs du dimanche, le collectif regroupant les salariés favorables à l’ouverture dominicale. Allant même jusqu’à recruter une agence d’"architectes en communication", Les Ateliers Corporate, aux côtés des salariés depuis dix mois pour les aider à trouver un nom et un slogan, à monter des actions et à gagner l’intérêt et la sympathie de l’opinion publique (production de vidéos, pétitions en ligne, mise en place de comptes Twitter et Facebook...). Le porte-parole du collectif, Gérald Fillon, a quant à lui reçu une rapide formation pour apprendre à s’exprimer devant les caméras de télévision. Le tout financé par les deux directions, évidemment. (...)
Une mise en scène de la colère dépassée ?
Devant les caméras, les syndicats ont longtemps su comment frapper les esprits : blocus, séquestrations, occupations à grand renfort d’images cinématographiques, des banderoles colorées aux fumigènes. Autre atout : la mise en avant d’un leader fort, une grande et souvent belle gueule capable d’incarner une lutte - à l’image d’Edouard Martin à Florange - que les plateaux télé s’arrachent, face à une direction qui préfère rester dans l’ombre.
Mais cette mise en scène de la colère, longtemps efficace, ne suffit plus. Prisonniers de leurs anciennes méthodes - piquets de grève, manifestations -, les syndicats sont aujourd’hui dépassés. Communication ? Pendant longtemps, le mot était presque banni de leur vocabulaire. "Depuis quelques années, il y a eu une grosse évolution sur la terminologie : on ne parle plus de propagande", sourit Mohammed Oussedik. Empêtrées dans des structures pyramidales, les confédérations ont souvent du mal à avoir des stratégies cohérentes, les objectifs des sections locales ne coïncidant pas forcément avec les priorités confédérales.
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Photo : Force ouvrière cc by-nc