Bienvenue dans la lettre d’information de l’Observatoire des multinationales.
Actualité chargée avec de nouvelles publications, le lancement de notre podcast et aussi notre campagne annuelle d’appel à dons. Objectif : 40 000 € d’ici le 11 décembre. Merci beaucoup de notre soutien (et/ou de faire circuler ce message) !
N’hésitez pas à faire circuler cette lettre, à nous envoyer des réactions, commentaires et informations.
Bonne lecture
Privé sur public sur privé sur public
Cédric O s’est illustré récemment en tenant, en tant que représentant d’une start-up, un discours inverse à celui qu’il tenait lorsqu’il était au gouvernement sur la régulation de l’intelligence artificielle.
C’est une nouvelle illustration de l’enjeu des « portes tournantes » public-privé (cf. notre page spéciale).
Pour rappel, le gendarme de la transparence avait refusé que Cédric O rejoigne le conseil d’administration d’Atos, au motif que l’entreprise avait reçu des aides publiques de son ministère.
Mais, qu’à cela ne tienne, Cédric O rejoint en mai 2023 Mistral AI, une start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle... bien qu’elle reçoive elle aussi des fonds publics via Bpifrance.
Comment est-ce possible ? Apparemment, parce que Cédric O l’a fait via la société de conseil qu’il a créée à sa sortie du gouvernement, comme bon nombre de ses ex collègues d’ailleurs (lire notre enquête à ce sujet). Contrairement à ses ex collègues, Cédric O a publié les comptes 2022 de sa société de conseil. On sait donc qu’il a facturé pour 95000€ de prestations pour la 2e moitié de l’année 2022.
Ce n’est pas fini ! En septembre 2023, Cédric O ajoute une casquette publique à sa nouvelle casquette privée en rejoignant le comité chargé de conseiller Elisabeth Borne sur... l’intelligence artificielle. Et a poursuivi parallèlement sa carrière dans le privé en rejoignant un cabinet de conseil, spécialisé lui aussi dans l’intelligence artificielle, Artefact.
Quand Cédric O critique aujourd’hui le « trop de régulation » en matière d’IA, d’où parle-t-il ?
Lire l’article de Lora Verheecke : Les bonnes affaires de Cédric O, ex secrétaire d’État.
Quand informer est un sport de combat
Au cas où vous n’auriez pas vu passer l’information, l’Observatoire des multinationales lance un nouveau podcast avec Radio Parleur intitulé « Goliaths ».
Les deux premiers épisodes sont disponibles sur toutes les plateformes et accessibles via notre site.
« Goliaths » se veut un podcast sur la face cachée des multinationales, mais aussi sur ceux et celles qui se battent pour montrer cette face cachée, souvent face à de multiples difficultés et obstacles. Avec leurs services communication bien rodés, et leurs services juridiques parés au combat au moindre article de presse, les multinationales sont prêtes à tout pour maintenir l’illusion et réduire les critiques au silence. De sorte qu’enquêter sur les multinationales et mettre en lumière leurs abus relève souvent du sport de combat.
Le premier épisode nous emmène à la rencontre de Thomas Bart, qui a enquêté cinq ans en Ouganda sur le projet de TotalEnergies EACOP. Le second donne la parole à Marie-Laure Guislain au sujet de son enquête au Qatar autour des soupçons de travail forcé chez Vinci.
Comment les multinationales se sont appropriées la transition climatique
Nous avons contribué à un nouveau rapport du réseau ENCO intitulé « Les multinationales ’vertes’ démasquées » qui se penche sur le vrai visage des grands groupes qui se prétendent aujourd’hui leaders en matière de transition énergétique et d’énergies renouvelables.
Nous y reviendrons en détail prochainement, mais vous pouvez déjà lire les conclusions de cette étude en français sur notre site, ainsi que l’ensemble du rapport en anglais avec 15 profils d’entreprises sur le site du réseau ENCO.
Spoiler alert : la transition vers les renouvelables telle qu’elle est conçue et menée par les multinationales nous coûte très cher, et profite avant tout aux multinationales. Et elle leur permet de continuer en même temps à exploiter des énergies fossiles. 1) Cela ne va pas nous permettre de répondre efficacement à la crise climatique, et 2) cela risque aussi de rendre la « transition » de plus en plus impopulaire en raison de son prix et de ses impacts.
À lire aussi à ce sujet : notre reportage en Inde sur les traces du groupe Adani, partenaire de Total et champion à la fois du charbon et des renouvelables.
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Faites un donEn bref
Répression à grande échelle au Bangladesh. Le mouvement de protestation des ouvriers et ouvrières textiles a pris un tour plus violent ces dernières semaines. Au moins 4 ouvriers et ouvrières seraient morts dans les manifestations, et des milliers d’entre eux font désormais l’objet de poursuites judiciaires. Selon la fédération syndicale internationale IndustriALL, une centaine ont été arrêtés. Ce mouvement social fait suite au refus des employeurs bangladeshis du secteur textile de consentir à une hausse des salaires en phase avec l’inflation. Mais, selon les ONG, la vraie responsabilité est ailleurs. Beaucoup des grandes marques qui sous-traitent leur production textile au Bangladesh ont refusé d’honorer leurs engagements financiers au moment de la baisse d’activité et de commandes liée à la pandémie de Covid-19. Lorsque l’activité a repris, elles ont aussi choisi de profiter de l’inflation en maintenant le même niveau de prix d’achat à leurs fournisseurs bangladeshis tout en augmentant celui facturé aux consommateurs. Le mouvement étant très peu couvert dans les médias francophones, on se reportera aux informations en anglais collectées par le Centre de ressources sur les entreprises et les droits humains.
Envahis par les lobbys. Les lobbyistes des énergies fossiles sont tellement nombreux dans les enceintes internationales qu’ils en deviennent une vague migratoire à eux tous seuls. Lors de la récente session de négociation sur le projet de traité international sur le plastique à Nairobi, ils étaient plus de 140, soit davantage que les représentants combinés de 70 nations pauvres. Avec les États pétroliers, ils ont réussi à enrayer tout progrès vers une limitation de la production de plastique. La COP28 sur le climat qui doit se tenir prochainement à Dubai ne s’annonce guère plus réjouissante, dès lors que son président est lui-même le patron d’une entreprise pétrolière. La campagne « Kick Big Polluters Out » a dénombré pas moins de 7200 lobbyistes des énergies fossiles accréditées dans les COP depuis 2003. Lire l’article du Monde.
On veut vous entendre. Nous aimerions bien en savoir plus sur nos lecteurs et lectrices et sur la manière dont ils et elles nous perçoivent. Nous lançons à cette fin une enquête lectorat, à travers un questionnaire simple, rapide à remplir et anonyme. Merci de vos contributions !