Recours à des sponsors privés, rendez-vous secrets avec des industriels, événements de lobbying co-organisés par les autorités françaises avec des multinationales, et une Représentation de la France à Bruxelles où les “portes tournantes” avec les grandes entreprises ne s’arrêtent jamais...
Une nouvelle fois, la présidence tournante du Conseil de l’UE risque de se trouver instrumentalisée au profit des intérêts des grandes entreprises, avec la coopération active du gouvernement français.
Les enjeux sont importants aussi bien pour l’Europe que pour Emmanuel Macron et son gouvernement. La présidence française de l’UE coïncidera avec les élections présidentielles et législatives en France, et l’Europe sera l’un des thèmes clés de sa campagne de réélection. Le gouvernement français affiche sa volonté de promouvoir la « souveraineté européenne », et aura à gérer au cours de sa présidence tournante des dossiers cruciaux comme le nouveau paquet climat, la régulation du numérique et des GAFAM, ou encore les leçons à tirer de la crise du Covid.
« La préparation de la présidence française de l’UE offre une nouvelle illustration de la confusion croissante entre intérêt public et intérêts des grandes entreprises, explique Olivier Petitjean de l’Observatoire des multinationales. Sous prétexte de souveraineté, le gouvernement français veut une collaboration toujours plus étroite entre pouvoirs publics et multinationales, avec un soutien financier et politique toujours plus massif pour ces dernières dans les secteurs jugés stratégiques comme l’énergie, la santé ou le numérique, au détriment des vrais besoins et des vraies aspirations des citoyens français et européens. »
« Dans toute l’Union européenne, les citoyens et même les parlementaires ne sont pas tenus informés de ce que leurs gouvernements font et défendent réellement à Bruxelles, et la préparation de la présidence française ne fait pas exception. Les industriels, eux, sont étroitement associés, déclare Vicky Cann de Corporate Europe Observatory. Le gouvernement français doit cesser de concevoir sa politique européenne à l’abri des regards et doit aussi cesser de s’opposer aux efforts de transparence au niveau du Conseil de l’UE. »
Parmi les principaux enseignements du rapport « Une présidence sous influence ? » :
- La présidence française se prépare en collaboration étroite avec les grandes entreprises françaises, via des réunions de lobbying, des événements publics et des demandes de contributions d’associations d’entreprises et think tanks (étroitement liés aux grandes entreprises), avec peu de transparence, tandis que la société civile et le grand public sont tenus à distance.
- Le gouvernement français est allé jusqu’à co-organiser des événements de lobbying avec des entreprises et des associations d’entreprises, et se prépare à en organiser davantage dans les mois à venir.
- La France n’exclut pas que sa présidence de l’UE soit sponsorisée par des grandes entreprises, comme de nombreuses présidences précédentes l’ont malheureusement fait.
- Les cas de portes tournantes sont nombreux dans l’équipe parisienne en charge de la préparation de la présidence et au sein de la Représentation française à Bruxelles, risquant des conflits d’intérêts et une confusion dangereuse entre intérêt public et privé.
- Lire le rapport Une présidence sous influence. Comment la France prépare sa présidence du Conseil de l’Union européenne en collaboration étroite avec les grandes entreprises
– Rapport également disponible en anglais.
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