Au printemps 2020, en pleine première vague de l’épidémie de Covid-19, le gouvernement français avait « demandé » aux entreprises dont il est actionnaire de suspendre le versement de dividendes. L’instruction avait été très inégalement suivie (lire Aides publiques et dividendes : les hypocrisies de l’État actionnaire). L’un des groupes qui a dû faire un geste - au grand dépit de son PDG Stéphane Richard - a été Orange, l’ancien service public des télécoms dont l’État détient encore environ 23%. Pourtant, le groupe n’avait en réalité amputé son dividende que d’un petit tiers, de 1,86 milliard d’euros prévus à 1,33 milliard.
Ce printemps, les appels à la modération ne sont plus de saison. Orange, qui tient son assemblée générale annuelle ce 18 mai, propose à ses actionnaires l’un des plus importants versements de dividendes du CAC40, avec 2,39 milliards d’euros - soit environ la moitié de son bénéfice 2020.
Il faut dire que la première année de Covid a été plutôt bonne - d’un point de vue financier - pour le groupe de télécoms, peut-être favorisé par le passage forcé au numérique du fait des confinements. Son chiffre d’affaires a été stable par rapport à 2019, et son bénéfice net s’est envolé à + 60%, pour atteindre 4,8 milliards d’euros. Orange n’en a pas moins reçu plusieurs formes d’aides publiques, dont au moins les achats d’obligations de la Banque centrale européenne, la baisse des impôts de production et le plan de relance, notamment dans son volet « numérisation ».
Comme c’est devenu l’habitude au sein de ce groupe, ce sont les salariés qui font les frais des priorités de la direction. Malgré l’appui public reçu, Orange a encore sabré dans ses effectifs en 2020, en baisse de 3% au niveau mondial et de 5,5% en France.
OP
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