09.11.2020 • Paris, Bruxelles, Washington

Le prix de l’influence

Des dépenses de lobbying qui se chiffrent en millions d’euros ou de dollars à Paris, Bruxelles et Washington. Des relations étroites et des portes tournantes entre grandes entreprises, haute fonction publique et politiques. Tel est le menu du quatrième chapitre de l’édition 2020 de « CAC40 : le véritable bilan annuel ».

Publié le 9 novembre 2020 , par Olivier Petitjean

Parmi les données inédites mises en lumière dans ce quatrième chapitre de CAC40 : le véritable bilan annuel :

* En chiffres cumulés, Airbus et Sanofi sont les champions français du lobbying avec 6 et 6,9 millions d’euros de dépenses déclarées en 2019, principalement en raison de leur forte présence à Washington où les sommes en jeu sont plus importantes. Ils sont suivis par Total (4,7 millions) et Engie (3,8), en première ligne des nombreux débats politiques et législatifs touchant à l’énergie et au climat.

* Concernant le lobbying effectué à Paris auprès du gouvernement et des parlementaires français, c’est Total qui déclare les dépenses les plus importantes avec près de 2,5 millions d’euros en 2019. Le groupe pétrolier a consacré beaucoup d’argent et d’énergie à défendre les avantages fiscaux liés à l’huile de palme (pour son usine de production d’agrocarburants de La Mède), dont beaucoup de députés voulaient la fin. Les banques déclarent aussi des sommes significatives.

* À Bruxelles, où se fixent les règles du jeu pour tout le marché européen et au-delà, Engie (3,2 millions d’euros en 2019) et encore Total (2,1 millions) déclarent les dépenses de lobbying les plus massives, illustrant l’importance des questions énergétiques et climatiques. Ils sont suivis par deux poids lourds industriels opérant à l’échelle continentale, Airbus et ArcelorMittal.

* Les dépenses de lobbying à Washington impliquent généralement des sommes plus importantes, mais concernent un nombre plus petit de groupes du CAC40. Ceux qui y sont le plus présents sont Sanofi (5,1 millions de dollars en 2019), pour lequel le marché américain du médicament est aussi stratégique que lucratif, et Airbus (3,8 millions), en raison de sa bataille commerciale sans trêve avec Boeing.

* On dispose également de chiffres provisoires sur les financements émanant de groupes français aux campagnes électorales 2020 aux États-Unis. Le plus gros contributeur du CAC40 est encore le groupe pharmaceutique Sanofi, avec près de 844 000 dollars déclarés. Suit l’assureur Axa, avec 588 000 dollars. Si l’on considère les sommes directement déboursées par les « PACs » de ces entreprises, les deux firmes penchent nettement en faveur des candidats républicains au Sénat et au Congrès.

* Les dépenses de lobbying ne représentant que la partie émergée du travail d’influence des grandes entreprises auprès des pouvoirs publics, ce chapitre 4 de CAC40 : le véritable bilan annuel se penche également sur les relations étroites et parfois incestueuses entre dirigeants politiques, hauts fonctionnaires et groupes du CAC40. Près de la moitié des dirigeants français du CAC40 sont ainsi issus de la haute fonction publique et de cabinets ministériels, tandis qu’en sens inverse nombre d’hommes et femmes politiques arrivent de grandes entreprises ou y retournent, à l’image de l’ancien Premier Ministre Édouard Philippe qui siège désormais au conseil d’administration d’Atos.

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À lire : « Le prix de l’influence » (pdf, 4 p.).

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Relire le premier chapitre : « Allô Bercy ? Aides publiques : les corona-profiteurs du CAC40 » (pdf, 16 pages), le second chapitre « Des patrons au service de qui ? » (pdf, 6 pages), et le troisième chapitre « Un fardeau croissant pour la planète » (pdf, 6 pages).

Les chapitres suivants seront publiés progressivement dans les jours à venir.

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