Parmi les données inédites mises en lumière dans ce troisième chapitre de CAC40 : le véritable bilan annuel :
- Si l’on additionne les chiffres de leurs émissions déclarées, les groupes du CAC40 ont émis directement et indirectement environ 1,6 milliard de tonnes de CO2 dans l’atmosphère en 2019. Ce chiffre correspond à environ 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un niveau comparable aux émissions de la Russie.
- Globalement, les émissions du CAC40 ont baissé de 3,13% depuis 2017. Cette baisse doit tout à Engie, l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre du CAC40, qui s’est lancé dans une politique de désinvestissement de ses nombreux actifs liés au charbon. Si l’on enlève Engie, les émissions du CAC40 sont en réalité en hausse de 2,6% depuis 2017. Or Engie n’a souvent fait que revendre ses centrales et mines de charbon à des investisseurs moins sensibles à l’opinion publique.
- Vingt firmes de l’indice boursier parisien ont encore augmenté leurs émissions entre 2017 et 2019, dont le groupe pétrolier Total (+3,3% en deux ans). En valeur absolue, Total représente près de 30% des émissions du CAC40. Deux autres émetteurs importants de gaz à effet de serre de l’indice boursier parisien augmentent également leurs émissions entre 2017 et 2019 : PSA (+50,9%) et Danone (+29,8%).
NB. La qualité et l’exhaustivité des déclarations d’émissions du CAC40 peuvent avoir évolué d’une année sur l’autre. Nous avons essayé d’en tenir compte. L’entreprise Dassault Systèmes nous a fait savoir après publication de ce graphique que leur taux de couverture avait sensiblement augmenté, ce qui explique la hausse importante de leurs émissions (voir le détail des précisions qu’ils nous ont apportées en bas de cet article.
- De nombreux groupes du CAC40 préfèrent mettre en avant non pas le chiffre de leurs émissions en valeur absolue, mais leurs émissions de CO2 rapportées au chiffre d’affaires ou au nombre de salariés. Cela suggère qu’elles restent guidées par un paradigme d’« efficience » ou de « découplage », selon lequel il serait acceptable de continuer d’accroître ses activités et ses émissions de gaz à effet de serre, pourvu que celles-ci augmentent moins vite que les revenus. Douze firmes du CAC40 augmentent malgré tout leurs émissions rapportées au chiffre d’affaires entre 2017 et 2019, et quinze voient enfler leurs émissions rapportées aux effectifs.
- Ces chiffres confirment que sans mécanismes contraignants supervisés par les pouvoirs publics, les grandes entreprises ne réduiront pas d’elles-mêmes leur impact sur le climat. Les engagements volontaires ne suffisent pas à changer les pratiques. Pourtant, le gouvernement français a refusé d’introduire des critères climatiques contraignants dans le cadre des aides massives qu’il a débloquées pour aider les entreprises à faire face à la crise sanitaire. Ces aides ont pourtant bénéficié à des firmes très polluantes, comme nous le rappelions dans « Allô Bercy », le premier chapitre de CAC40 : le véritable bilan annuel publié le 12 octobre dernier.
- D’après les données partielles disponibles, les grandes entreprises françaises continuent également à produire davantage de déchets d’année en année. Elles en ont généré en 2019 plus de 700 millions de tonnes, 11,9% de plus qu’en 2017. La consommation globale d’eau s’élève à 750 millions de mètres cube en 2019 pour les 33 groupes du CAC40 qui publient des chiffres, l’équivalent de 300 000 piscines olympiques.
- Le champion du grand écart entre les discours et la réalité est le groupe Danone. Il s’est donné cette année le statut d’« entreprise à mission », énumérant des objectifs plus vertueux les uns que les autres : « améliorer la santé », « préserver la planète », « construire le futur »... Dans le même temps, tous ses indicateurs environnementaux sont au rouge. Par comparaison avec 2017, Danone émet davantage de gaz à effet de serre, y compris rapportés à ses effectifs et à son chiffre d’affaires, génère davantage de déchets, et consomme davantage d’eau, de plastique et d’huile de palme.
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