14.04.2016 • Santé publique

Les millions d’euros versés par Coca-Cola en France pour brouiller le débat scientifique sur ses sodas

La consommation massive de boissons sucrées est largement reconnue comme l’une des causes de l’épidémie d’obésité et de diabète qui frappe les pays occidentaux dont la France. Mais les géants des sodas ont trouvé la parade. Foodwatch rend publique la liste des associations et institutions publiques hexagonales qui ont bénéficié des largesses de Coca-Cola France. Pour l’association, ces financements (7 millions d’euros au total) « sont savamment employés à brouiller le débat », en vantant les bienfaits des boissons light ou édulcorées comme substitut aux sodas traditionnels, alors qu’elles sont peut-être pires.

Publié le 14 avril 2016

En 2015, malgré les fortes pressions des lobbies, l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (ANSES) a publié un rapport dont les conclusions sont tombées comme un couperet pour l’industrie des sodas : non, les édulcorants intenses n’ont pas d’effet bénéfique sur le contrôle glycémique des personnes diabétiques. La consommation régulière et prolongée de ces édulcorants intenses pourrait même comporter des risques. Des risques déjà soulignés par l’Inserm en 2013 par une étude menée sur plus de 66 000 femmes. Contrairement aux idées reçues, écrivait l’Inserm, le risque de diabète de type 2 est plus élevé lorsqu’on consomme des boissons light plutôt que des boissons sucrées « normales ».

Qu’à cela ne tienne, Coca-Cola a mis les moyens pour faire croire aux consommateurs que ses produits à base de « faux sucres » – light, zéro, life (stévia) - font partie de la solution. Pour le géant des sodas, des scientifiques français ont ainsi sillonné congrès et conférences et multiplié les publications en chantant les louanges des édulcorants.

Lire l’intégralité de l’article sur le site de foodwatch.

Parmi les bénéficiaires cités dans la liste rendue publique par Coca-Cola France, on trouve la Fédération française des diabétiques, l’Institut européen d’expertise en physiologie, le Centre national pour le développement du sport (qui dépend du ministère des Sports), l’Association française des diététiciens nutritionnistes, Dietecom (salon de la nutrition destiné aux professionnels de la santé), Creabio (Centre de ressources pour études appliquées biomédicales, création de Marc Fantino, professeur au CHU de Dijon et grand défenseur des édulcorants), l’Université de Poitiers, l’Institut Pasteur de Lille, le Credoc (Centre de recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie), ou encore le Comité national olympique et sportif français.

Comme l’avait révélé le New York Times l’année dernière, Coca-Cola poursuit une stratégie similaire aux États-Unis, en s’alliant avec des scientifiques prestigieux et avec certaines institutions sportives pour relativiser le rôle des sodas dans l’obésité et les maladies qui lui sont liées, et insister plutôt sur le besoin de faire de l’exercice.

OP

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Photo : Jordi Vila CC

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